Notes campagne Sengoku/Gambadeuse
C'est un branc d'arçon, d'origine et d'époque inconnues. Elle aurait "toujours" été dans la famille, depuis la première croisade (1097). Elle est décorée de motifs et de symboles relativement discrets, et dont l'origine est indéterminable (ou indéterminée à ce jour).
Le mythe et sa discussion
Gambadeuse est l'épée héréditaire et légendaire de la maison de Kirchstenburg-Gewürtzraminer. Selon la tradition, elle aurait son origine à l'époque biblique. La légende relate que son métal composait jadis l'arme du plus bel ange du Ciel, Lucifer, qu'il perdit lorsqu'il chuta du Paradis. Les morceaux en auraient alors été retrouvés par un forgeron qui en aurait tiré une lame ; ce forgeron était apparemment un Philistin. L'épée aurait ensuite été tirée dans les diverses guerres des Philistins, y compris leurs nombreuses révoltes contre le joug assyrien. Juste avant la conquête du pays par Nabuchodonosor, elle serait passée dans les mains d'un Phénicien qui l'emmena à Tyr, où elle fut utilisée dans la résistance victorieuse que fit la ville au siège de Nabuchodonosor. De cette époque daterait une prophétie selon laquelle « l'épée vengerait les cités conquises par le Roi de l'Est ». À cette époque, l'épée aurait eu plusieurs noms : Le Tranchant qui Tomba des Cieux, L'Épée de la Damnation et de la Rédemption, ou encore La Destructrice et Annonciatrice. C'est également de cette période que les premiers vers connus au sujet de l'épée dateraient : De l'acier de Lucifer déchu et brisé Ma lame par mon créateur fut forgée Avant sa venue, longtemps j'ai guerroyé Le Fléau des Nations et son immense armée. Mais vois, pour la fuite point ne suis née, Mais bien pour au vaincu la victoire apporter, Pour tenir fort et ferme dessur l'escarpement, Pour férir les conquêtes et défier le tyran, Aimer ce qu'on brûla, brûler ce qu'on aima, Et venger dans le sang, et servir par la foi.
On ne trouve plus trace de l'épée par la suite, jusqu'à ce qu'elle soit retrouvée par Helmuth Karl-Gustav von Kirchstenburg-Gewürtzraminer dans une caverne (peut-être une tombe) lors de la Première Croisade, près de Dorylée. Le jeune chevalier de Rhénanie la porta, selon les chroniques, à la bataille de Dorylée. Il en fit ensuite un fort bon usage lors du siège de Jérusalem. C'est de ces mêlées que l'épée tient son nom de Gambadeuse, et d'elle un poète franc écrivit : Avoit pour nom Gambadeuse, Estoit grand'fille de fin et bel aloi Elle chantoit, ô voix claire et joyeuse, D'un pas lesger, la dextre aussi dansoit, De teste en teste, elle voloit, gracieuse, Et tournoyoit, valsoit souventefois Elle siffloit, bergeyre meslodieuse : A son sifflet, les testes net tomboient.
L'épée vit par la suite de nombreuses batailles lors des Croisades, au sein du jeune Ordre Teutonique, et elle le suivit jusqu'en Prusse, où elle devint le symbole même de la famille de Kirchstenburg-Gewürtzraminer, elle-même faisant partie des grands de l'Ordre. Elle fut notamment utilisée pour défendre les droits des demoiselles de la famille par Ekaterina Anna-Maria « Bras-de-Fer ». On raconte aussi que l'épée aurait « abandonné » la seule honte qui souilla jamais la famille, Helmuth Karl-Gregor, qui trahit l'Ordre. Il est en tout cas certain que les Kirchstenburg-Gewürtzraminer avaient un grand respect pour l'épée, et même une certaine vénération ; ils lièrent le destin de leur famille à la lame. Celle-ci était, avec la croix de l'Ordre Teutonique, le meuble principal de leurs armes : d'argent à une croix de l'Ordre Teutonique, à une épée de gueules sur le tout. Lorsque Brynhild Blanche-Katheryn se considéra trahie par l'Église catholique et mit fin à la position papiste ancestrale de la famille, elle dit qu'« à nulle croix je ne serai loyale, sinon aux trois de mon écu, et à l'unique et seule véritable de mon épée ».
L'histoire mythologique de Gambadeuse fut revisitée et commentée par un Kirchstenburg-Gewürtzraminer, Jorg Ewalt-Wolff « Philadelphe », un humaniste et grand admirateur de la réfutation de la Donation de Constantin par Lorenzo Valla. Selon lui, l'origine prétenduement luciférienne de l'épée pourrait s'expliquer rationnellement par du métal tiré d'un météore, qui aurait été utilisé pour faire la lame ; car il reste indéniable qu'on ne trouva jamais de métal comparable à celui de Gambadeuse. L'époque même de la création de l'épée est problématique, cependant. Gambadeuse a la forme d'un branc d'arçon du bas moyen-âge, et il est douteux qu'elle puisse avoir été faite lors des temps bibliques, ou même peu avant la Première Croisade. Les chroniques, cependant, relatent qu'Helmuth Karl-Gustav utilisait une épée à deux mains, chose fort rare en son temps. De fait, Jorg Ewalt-Wolff leur fait confiance et accepte la chose, bien qu'avec un certain étonnement. À propos d'une éventuelle origine antique de l'arme, cependant, il est bien plus critique. Comme il le montra, tous les récits concernant l'épée à cette époque proviennent de sources secondaires voire tertiaires : rien ne prouve de manière convaincante que Le Tranchant qui Tomba des Cieux ait existé. De plus, quoique des textes tardifs (postérieurs à la Première Croisade) aient fait le lien, rien ne montre que Le Tranchant qui Tomba des Cieux et Gambadeuse soient la même épée. Soutiennent cette théorie l'endroit où fut découvert Gambadeuse, le fait que les Philistins étaient de grands forgerons, et des caractères (ou ce qui y ressemble) gravés sur la lame de l'épée que nul n'a jamais réussi à déchiffrer. Mais, comme le conclut Jorg Ewalt-Wolff, s'il n'y a rien d'illogique dans le mythe de Gambadeuse, rien ne permet de prouver de manière concluante qu'il s'agisse d'autre chose que d'un mythe.
Pour aller dans le sens des origines célestes de Gambadeuse, cependant, il faut considérer que l'épée aurait plusieurs pouvoirs fantastiques prétendus. En vérité, le fait même qu'elle a survécu depuis la Première Croisade, à travers les existences de plus d'un chevalier belliqueux, pour être encore en parfait état aujourd'hui semble assez incroyable. Certains ont avancé l'hypothèse que « Gambadeuse » serait en fait une série d'épées identiques forgées pour la maison de Kirchstenburg-Gewürtzraminer, une nouvelle remplaçant l'ancienne à chaque fois que la Gambadeuse actuelle n'aurait plus été utilisable. Mais, bien que Jorg Ewalt-Wolff ait avancé une telle « accrétion » comme étant l'explication à la vie impossiblement longue d'Helmuth Karl-Gustav (1080-1255), il rejette cette même explication quant à l'épée, ceci en grande partie sur la base de sa propre expérience, et sur celle de sa mère, Else Katherina-Aesa « l'Orientale ». Par ailleurs, cette dernière et sa petite-fille, la fille de Jorg Ewalt-Wolff, Lucia Clara-Aelinn « à la Rougecroix », participèrent aux rumeurs parlant des pouvoirs magiques de l'épée. Toutes deux furent des demoiselles-chevaliers intelligentes et facétieuses, qui vécurent au sein de cours potentiellement hostiles ; l'on peut penser qu'elle trouvèrent là un moyen commode d'imposer le respect à leurs adversaires. Lucia Clara-Aelinn combattit d'ailleurs pendant les Guerres de Religion, contexte qui peut, joint à l'exagération poétique, expliquer rationnellement les récits sur Gambadeuse « brillant en la bataille contre les hérétiques comme le blanc feu de la colère même du ciel » - car Lucia Clara-Aelinn combattait pour le parti catholique.
Pourtant, certains faits troublants firent douter Jorg Ewalt-Wolff et les autres critiques, parfois plus sévères encore, qui le suivirent dans l'analyse des légendes concernant la famille Kirchstenburg-Gewürtzraminer. Des sources récentes et sérieuses rapportent, par exemple, comment certaines demoiselles assez frèles de la famille, comme Krista Alheit-Kaetherlin « la Juste » et surtout Kyferin Els-Madlen « Outrocéane », furent capables de combattre avec Gambadeuse pendant des heures sans guère montrer de fatigue – et il faut se souvenir que l'arme est une grande épée à deux mains. De plus, si l'on rejette l'idée des pouvoirs fantastiques de l'épée, on doit en conclure que les Kirchstenburg-Gewürtzraminer ont, soit un don héréditaire pour le combat à l'épée, soit une chance indéfectible, car la plupart des membres de la famille furent impliqués dans des batailles de proportions épiques, parfois contre des ennemis bien supérieurs en force, et s'en tirèrent la plupart du temps à peu près indemnes, en accomplissant des prouesses dignes des meilleurs romans de chevalerie. Gambadeuse ne les protégea pas indéfiniment de la mort, cependant, et comme Roland tenant Durandal, nombre de Kirchstenburg-Gewürtzraminer ont fini par mourir leur fidèle épée à la main. Ainsi Benedict Bernard-Klaus « le Loyal » fut tué à la bataille du Grünwald, alors qu'il avait en mains Gambadeuse. De même, il semble que la grand-mère de Jorg Ewalt-Wolff, Kristen Agatha-Endlinn « la Franche », soit morte Gambadeuse au poing.
Pourtant, et comme le déclara avec enthousiasme Brynhild Blanche-Katheryn, si Gambadeuse a emmené bien des chevaliers à la mort, elle a su s'assurer qu'ils mouraient couverts de lauriers. C'est avec elle qu'on vit les Kirchstenburg-Gewürtzraminer égaler les Perceval, les Roland et les Lancelot : d'un revers de la terrible lame ils tranchèrent en deux cavalier et monture, ils percèrent les meilleures armures, et l'on dit même qu'Helmuth Karl-Gustav décapita avec Gambadeuse maints monstres dans les lointaines terres d'Orient. L'épée ne semble pourtant pas toujours avoir manifesté une telle efficacité. On parla souvent, à son sujet, d'une sorte de miracle, qui ne favoriserait que les plus valeureux dans les circonstances les plus difficiles. Ainsi, Brynhild Blanche-Katheryn, lors de la guerre civile anglaise, commandait un petit escadron de cavalerie ; un jour qu'avec une vingtaine de royalistes elle se trouva face à un redoutable carré d'infanterie parlementariste, elle chargea l'épée haute en criant : « Audaces Fortuna juvat ! », et, bien qu'elle ait reçu plus d'instruction en poésie latine qu'en escrime, Gambadeuse sembla lui donner raison, car elle sortit victorieuse de la mêlée après avoir fendu en deux plus d'une Tête-Ronde.
Gambadeuse serait-elle, alors, une faveur divine ? C'est ce que dit plus d'un chroniqueur des Croisades. Ou bien la lame serait-elle douée de raison et de jugement ? C'est ce que prétendit notamment Lucia Clara-Aelinn, dont il faut bien dire que la foi était nettement inférieure à la malice. Selon elle, Gambadeuse entendait de nombreux secrets de cour et lui rapportait le tout avec un humour aussi incisif que son tranchant. L'histoire devint plus crédible lorsque Lucia Clara-Aelinn échappa à une tentative d'assassinat, similaire à celle qui avait emporté le duc de Guise : on tenta de lui tirer dans le dos avec une arbalète. Au dernier moment, comme soudainement prévenue, elle évita le trait ; elle raconta par la suite que Gambadeuse l'avait avertie. L'affaire ne put jamais être tirée au clair, mais elle fit une certaine impression sur les esprits les plus supersticieux.
Concept et inspirations
Mon idée était qu'il s'agissait d'une lame plus ou moins magique, mais également en quelque sorte maudite, à la manière par exemple de Tyrfing ("Then he forced them to forge a sword with a golden hilt that would never miss a stroke, would never rust and would cut through stone and iron as easily as through clothes. The Dwarves made the sword, and it shone and gleamed like fire. However, in revenge they cursed it so that it would kill a man every time it was drawn and that it would be the cause of three great evils. They finally cursed it so that it would also kill Svafrlami himself."). Quant à ses effets, je n'en ai pas d'idée exacte et l'idée n'était pas de faire une épée magique D&Desque qui peut lancer boule de feu trois fois par jour et faire apparaître 1d3 globes chromatiques dans un rayon de 3 mètres. Plutôt une épée particulièrement résistance à la rouille et autres dégradations, et particulièrement coupante (comme Tyrfing ci-dessus, ou Skofnung "particulièrement coupante et solide" ; pour des épées encore plus tranchantes cf. Durendal, Gram, Tonbogiri). On peut aussi imaginer qu'elle ne "faillit" pas à son porteur, à la manière de Hrunting (qui finit quand même par faillir contre un monstre particulièrement bourrin). Une dernière idée assez bonne serait que, à la manière de Dáinsleif, elle "ne rate jamais son coup, et les blessures de celui qui est blessé par elle ne guérissent pas". Mais dans mon esprit il s'agit surtout d'une lame particulièrement solide et tranchante (pas au point de trancher une enclume ou un papillon, sauf peut-être dans des circonstances exceptionnelles, ALDDMJ) et qui ne "faillit" pas à son porteur. Il s'agirait globalement d'une lame avec laquelle des exploits plus ou moins exceptionnels pourraient être accomplis, dans des circonstances correspondantes - entièrement ALDDMJ.
Pour le côté malédiction, autre idée classique, le cas de Dáinsleif qui "doit causer la mort d'un homme à chaque fois qu'elle est tirée". Autre idée, sans doute meilleure : l'épée ne doit pas être perdue ni donnée, sans quoi la mort est proche pour son propriétaire (à la manière de la lance de Glumr le Meurtrier). Globalement, mon idée était que l'épée tendait à attirer les emmerdes voire le meurtre et la mort violente à son porteur, ce qui n'est peut-être pas une vraie malédiction pour un perso de JdR, mais bon (d'où le fait que la mère d'Else disait que cette épée était l'incarnation de la maxime "qui vivra par l'épée, périra par l'épée").