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== Introduction ==
== Introduction ==


Au Japon, la première moitié du XVIème siècle marque la fin de la période dite Muromachi, caractérisée par la domination des shoguns du clan du même nom, aussi appelés shoguns Ashikaga. Ces shoguns, arrivés au pouvoir en 1336, voient leur pouvoir fortement réduit suite à la guerre d'Onin (1467-1477), au profit des seigneurs de guerre locaux, les daïmios.
Au Japon, la première moitié du XVI<sup>e</sup> siècle marque la fin de la période dite Muromachi, caractérisée par la domination des ''shôgun'' du clan du même nom, aussi appelés ''shôgun'' Ashikaga. Ces ''shôgun'', arrivés au pouvoir en 1336, voient leur pouvoir fortement réduit suite à la guerre d'Ônin (1467-1477), au profit des seigneurs de guerre locaux, les ''daimyô''.
 
Déjà, le troisième shogun Ashikaga, Ashikaga Yoshimitsu (shogun de 1368 à 1394, puis chancelier de 1394 à 1408) avait favorisé l'augmentation de la puissance des daïmios, nettement plus limitée sous les shoguns Kamakura. Mais ces daïmios, à l'origine seigneurs régionaux subordonnés au shogun, devinrent peu à peu plus puissants encore, tandis que le pouvoir des shoguns diminuait.
 
== La guerre d'Onin ==


La crise de la guerre d'Onin constitua la chute définitive du pouvoir des Ashikaga, et marqua le début de la période Sengoku, la « période des guerres entre Etats » - bien que le terme soit impropre : la guerre eut lieu entre clans, non entre Etats. Elle commença par une querelle de succession. Le shogun Ashikaga Yoshimasa avait, dans un premier temps, désigné son frère comme son successeur ; mais, ayant par la suite eu un fils, il désigna celui-ci à la place de son frère. Or, dans le même temps, deux puissants clans de daïmios, Yamana et Hosokawa, étaient en pleine lutte de pouvoir. Logiquement, chacun en vint à soutenir un des deux prétendants, entraînant ainsi de nombreux daïmios dans ce qui n'était pas encore une guerre ouverte.
Déjà, le troisième ''shôgun'' Ashikaga, Ashikaga Yoshimitsu (''shôgun'' de 1368 à 1394, puis chancelier de 1394 à 1408) avait favorisé l'augmentation de la puissance des ''daimyô'', nettement plus limitée sous les ''shôgun'' Kamakura. Mais ces ''daimyô'', à l'origine seigneurs régionaux subordonnés au ''shôgun'', devinrent peu à peu plus puissants encore, tandis que le pouvoir des ''shôgun'' diminuait.


En effet, dans un premier temps, bien qu'ayant rassemblé chacun 80 000 hommes dans la capitale de Kyoto même, les deux camps adverses ne voulaient pas s'affronter directement, craignant d'être condamnés comme rebelles par le shogun, encore en place – ce qui montre que celui-ci avait encore une certaine autorité. Cependant, il n'y eut pas longtemps à attendre avant que le manoir Hosokawa ne brûle « mystérieusement ». Dès juillet 1467, la lutte devint ouverte ; la guerre eut lieu à Kyoto même, que la population civile déserta. Cette guerre urbaine continua encore après la mort des deux chefs de clan Yamana Souzen et Hosokawa Katsumoto, en 1473. Ce n'est qu'en 1477 que les membres du clan Yamana, découragés par leur réputation de rebelles acquise suite à l'incendie du manoir Hosokawa, finirent par se retirer en brûlant leur partie de la ville. Finalement, aucun des deux clans n'était parvenu à quoi que ce soit, si ce n'est à tuer une partie des membres de l'autre clan.
== La guerre d'Ônin ==


Par contre, le shogun avait fort bien réussi à se discréditer. Durant les dix ans de lutte, il ne fit absolument rien et parut complètement isolé de la réalité. Pendant que Kyoto brûlait, il composait des poèmes ou planifiait l'embellissement du palais. De fait, chacun y vit le signe que le pouvoir central était désormais caduque. La passivité du shogun face à la guerre d'Onin encouragea d'autres daïmios, sur tout le territoire japonais, à se faire la guerre entre eux, jusqu'à ce que le Japon entier soit dans un état de guerre civile.
La crise de la guerre d'Ônin constitua la chute définitive du pouvoir des Ashikaga, et marqua le début de la période Sengoku, la « période des guerres entre États » — bien que le terme soit impropre : la guerre eut lieu entre clans, non entre États. Elle commença par une querelle de succession. Le ''shôgun'' Ashikaga Yoshimasa, n'ayant pas de fils, avait, sous le conseil de la famille Hosokawa, adopté son jeune frère Yoshimi comme héritier ; mais l'année suivante, sa femme Tomiko lui ayant donné un fils (Yoshihisa), il désigna celui-ci à la place de son frère. Le clan Hosokawa soutint Yoshimi, considérant qu'il devait rester l'unique héritier, alors que le clan Yamana, rival des Hosokawa, se rangea derrière Tomiko et Yoshihisa. Chacun des deux clans entraîna ainsi de nombreux ''daimyô'' dans ce qui n'était pas encore une guerre ouverte.


Puis, les paysans et les ji-samouraïs (les samouraïs inférieurs), refusant de supporter plus longtemps des luttes entre seigneurs qui les faisaient durement souffrir, se révoltèrent en 1485 dans la province de Yamashiro, en y formant une armée, l'''ikki'', qui força les armées du clan divisé en deux parties rivales à quitter la province. Le mouvement s'étendit ensuite ; ainsi, une secte de bouddhistes Amida, les Ikko, proches des paysans, formèrent un ''Ikko-ikki'' et chassèrent les daïmios de la province de Kaga dont ils prirent le contrôle. Les ''ikki'' appliquaient le principe – révolutionnaire – du ''Gekokujo'' (« le faible opprime le fort »).
En effet, dans un premier temps, bien qu'ayant rassemblé chacun 80&thinsp;000 hommes dans la capitale de Kyôto, les deux camps adverses ne voulaient pas s'affronter directement, craignant d'être condamnés comme rebelles par le ''shôgun'', encore en place — ce qui montre que celui-ci avait encore une certaine autorité. Cependant, il n'y eut pas longtemps à attendre avant que le manoir Hosokawa ne brûle « mystérieusement ». Dès juillet 1467, la lutte devint ouverte ; la guerre eut lieu à Kyôto même, que la population civile déserta. Cette guerre urbaine continua encore après la mort des deux chefs de clan Yamana Souzen et Hosokawa Katsumoto, en 1473. Ce n'est qu'en 1477 que les membres du clan Yamana, découragés par leur réputation de rebelles acquise suite à l'incendie du manoir Hosokawa, finirent par se retirer en brûlant leur partie de la ville. Finalement, aucun des deux clans n'était parvenu à quoi que ce soit, si ce n'est à tuer une partie des membres de l'autre clan.


La guerre s'apaisa quelque peu avec la mort du shogun en 1490 et son remplacement par son neveu Ashikaga Yoshitane. Mais désormais, le shogun n'était plus qu'une marionnette entre les mains des daïmios – en l'occurrence du clan Hosokawa, qui détenait le poste de ''kanrei'' (adjoint du shogun). En 1493, le ''kanrei'' évinça le nouveau shogun pour le remplacer par un autre Ashikaga. L'ex-shogun Yoshitane alla demander le soutien du puissant clan Ouchi, qui le lui accorda. En 1507, le ''kanrei'' fut assassiné et en 1508, Yoshitane fut à nouveau shogun, grâce aux Ouchi. Par la suite, de telles luttes continuèrent, entre les clans mais aussi à l'intérieur des clans, pour le contrôle du gouvernement fantoche du shogun. Les deux grands protagonistes, les Hosokawa en 1558, et les Ouchi en 1551, furent finalement défaits par des vassaux qui les trahirent. Seule une douzaine des clans de seigneurs de guerre originaux étaient encore indemnes à la fin de la période Sengoku.
Par contre, le ''shôgun'' avait fort bien réussi à se discréditer. Durant les dix ans de lutte, il ne fit absolument rien et parut complètement isolé de la réalité. Pendant que Kyôto brûlait, il composait des poèmes ou planifiait l'embellissement du palais. De fait, chacun y vit le signe que le pouvoir central était désormais caduque. La passivité du ''shôgun'' face à la guerre d'Ônin encouragea d'autres ''daimyô'', sur tout le territoire japonais, à se faire la guerre entre eux, jusqu'à ce que le Japon entier soit dans un état de guerre civile.


Cette période avait non seulement vu la fin définitive du pouvoir des shoguns Ashikaga, mais aussi de sérieux revers pour les grands daïmios. En effet, leurs vassaux en étaient venus à leur tour à essayer de profiter des troubles pour se tailler une meilleure place ; suite à la guerre d'Onin, de telles luttes intestines étaient devenues monnaie courante.
Puis, les paysans et les ''ji-samurai'' (les samurai inférieurs), refusant de supporter plus longtemps des luttes entre seigneurs qui les faisaient durement souffrir, se révoltèrent en 1485 dans la province de Yamashiro, en y formant une armée, l'''ikki'', qui força les armées du clan divisé en deux parties rivales à quitter la province. Le mouvement s'étendit ensuite ; ainsi, une secte de bouddhistes Amida, les Ikko, proches des paysans, formèrent un ''Ikko-ikki'' et chassèrent les ''daimyô'' de la province de Kaga dont ils prirent le contrôle. Les ''ikki'' appliquaient le principe — révolutionnaire — du ''Gekokujo'' (« le faible opprime le fort »).


La guerre s'apaisa quelque peu avec la mort du ''shôgun'' en 1490 et son remplacement par son neveu Ashikaga Yoshitane. Mais désormais, le ''shôgun'' n'était plus qu'une marionnette entre les mains des ''daimyô'' — en l'occurrence du clan Hosokawa, qui détenait le poste de ''kanrei'' (adjoint du ''shôgun''). En 1493, le ''kanrei'' évinça le nouveau ''shôgun'' pour le remplacer par un autre Ashikaga. L'ex-''shôgun'' Yoshitane alla demander le soutien du puissant clan Ôchi, qui le lui accorda. En 1507, le ''kanrei'' fut assassiné et en 1508, Yoshitane fut à nouveau ''shôgun'', grâce aux Ôchi. Par la suite, de telles luttes continuèrent, entre les clans mais aussi à l'intérieur des clans, pour le contrôle du gouvernement fantoche du ''shôgun''. Les deux grands protagonistes, les Hosokawa en 1558, et les Ôchi en 1551, furent finalement défaits par des vassaux qui les trahirent. Seule une douzaine des clans de seigneurs de guerre originaux étaient encore indemnes à la fin de la période Sengoku.


[[Catégorie:Sengoku]]
Cette période avait non seulement vu la fin définitive du pouvoir des shôgun Ashikaga, mais aussi de sérieux revers pour les grands ''daimyô''. En effet, leurs vassaux en étaient venus à leur tour à essayer de profiter des troubles pour se tailler une meilleure place ; suite à la guerre d'Ônin, de telles luttes intestines étaient devenues monnaie courante.

Version du 27 avril 2007 à 11:52

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Texte à l'origine écrit par Tovarich sur La Mouche VII.


Introduction

Au Japon, la première moitié du XVIe siècle marque la fin de la période dite Muromachi, caractérisée par la domination des shôgun du clan du même nom, aussi appelés shôgun Ashikaga. Ces shôgun, arrivés au pouvoir en 1336, voient leur pouvoir fortement réduit suite à la guerre d'Ônin (1467-1477), au profit des seigneurs de guerre locaux, les daimyô.

Déjà, le troisième shôgun Ashikaga, Ashikaga Yoshimitsu (shôgun de 1368 à 1394, puis chancelier de 1394 à 1408) avait favorisé l'augmentation de la puissance des daimyô, nettement plus limitée sous les shôgun Kamakura. Mais ces daimyô, à l'origine seigneurs régionaux subordonnés au shôgun, devinrent peu à peu plus puissants encore, tandis que le pouvoir des shôgun diminuait.

La guerre d'Ônin

La crise de la guerre d'Ônin constitua la chute définitive du pouvoir des Ashikaga, et marqua le début de la période Sengoku, la « période des guerres entre États » — bien que le terme soit impropre : la guerre eut lieu entre clans, non entre États. Elle commença par une querelle de succession. Le shôgun Ashikaga Yoshimasa, n'ayant pas de fils, avait, sous le conseil de la famille Hosokawa, adopté son jeune frère Yoshimi comme héritier ; mais l'année suivante, sa femme Tomiko lui ayant donné un fils (Yoshihisa), il désigna celui-ci à la place de son frère. Le clan Hosokawa soutint Yoshimi, considérant qu'il devait rester l'unique héritier, alors que le clan Yamana, rival des Hosokawa, se rangea derrière Tomiko et Yoshihisa. Chacun des deux clans entraîna ainsi de nombreux daimyô dans ce qui n'était pas encore une guerre ouverte.

En effet, dans un premier temps, bien qu'ayant rassemblé chacun 80 000 hommes dans la capitale de Kyôto, les deux camps adverses ne voulaient pas s'affronter directement, craignant d'être condamnés comme rebelles par le shôgun, encore en place — ce qui montre que celui-ci avait encore une certaine autorité. Cependant, il n'y eut pas longtemps à attendre avant que le manoir Hosokawa ne brûle « mystérieusement ». Dès juillet 1467, la lutte devint ouverte ; la guerre eut lieu à Kyôto même, que la population civile déserta. Cette guerre urbaine continua encore après la mort des deux chefs de clan Yamana Souzen et Hosokawa Katsumoto, en 1473. Ce n'est qu'en 1477 que les membres du clan Yamana, découragés par leur réputation de rebelles acquise suite à l'incendie du manoir Hosokawa, finirent par se retirer en brûlant leur partie de la ville. Finalement, aucun des deux clans n'était parvenu à quoi que ce soit, si ce n'est à tuer une partie des membres de l'autre clan.

Par contre, le shôgun avait fort bien réussi à se discréditer. Durant les dix ans de lutte, il ne fit absolument rien et parut complètement isolé de la réalité. Pendant que Kyôto brûlait, il composait des poèmes ou planifiait l'embellissement du palais. De fait, chacun y vit le signe que le pouvoir central était désormais caduque. La passivité du shôgun face à la guerre d'Ônin encouragea d'autres daimyô, sur tout le territoire japonais, à se faire la guerre entre eux, jusqu'à ce que le Japon entier soit dans un état de guerre civile.

Puis, les paysans et les ji-samurai (les samurai inférieurs), refusant de supporter plus longtemps des luttes entre seigneurs qui les faisaient durement souffrir, se révoltèrent en 1485 dans la province de Yamashiro, en y formant une armée, l'ikki, qui força les armées du clan divisé en deux parties rivales à quitter la province. Le mouvement s'étendit ensuite ; ainsi, une secte de bouddhistes Amida, les Ikko, proches des paysans, formèrent un Ikko-ikki et chassèrent les daimyô de la province de Kaga dont ils prirent le contrôle. Les ikki appliquaient le principe — révolutionnaire — du Gekokujo (« le faible opprime le fort »).

La guerre s'apaisa quelque peu avec la mort du shôgun en 1490 et son remplacement par son neveu Ashikaga Yoshitane. Mais désormais, le shôgun n'était plus qu'une marionnette entre les mains des daimyô — en l'occurrence du clan Hosokawa, qui détenait le poste de kanrei (adjoint du shôgun). En 1493, le kanrei évinça le nouveau shôgun pour le remplacer par un autre Ashikaga. L'ex-shôgun Yoshitane alla demander le soutien du puissant clan Ôchi, qui le lui accorda. En 1507, le kanrei fut assassiné et en 1508, Yoshitane fut à nouveau shôgun, grâce aux Ôchi. Par la suite, de telles luttes continuèrent, entre les clans mais aussi à l'intérieur des clans, pour le contrôle du gouvernement fantoche du shôgun. Les deux grands protagonistes, les Hosokawa en 1558, et les Ôchi en 1551, furent finalement défaits par des vassaux qui les trahirent. Seule une douzaine des clans de seigneurs de guerre originaux étaient encore indemnes à la fin de la période Sengoku.

Cette période avait non seulement vu la fin définitive du pouvoir des shôgun Ashikaga, mais aussi de sérieux revers pour les grands daimyô. En effet, leurs vassaux en étaient venus à leur tour à essayer de profiter des troubles pour se tailler une meilleure place ; suite à la guerre d'Ônin, de telles luttes intestines étaient devenues monnaie courante.