Nourriture, boisson, sommeil, et autres (Sengoku Q&R)

De RinKaNou
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Prenait-on un petit-déjeuner au XVè s. ?

  • Pour l'Europe : OUI, sauf rigorisme moral.
  • Pour le Japon : ?

La norme au Moyen Âge, du moins d'après les moralistes et hommes d'église, était d'attendre midi pour "rompre" le jeûne de la nuit. La norme sociale était donc de deux repas, un gros le midi et un plus léger le soir. Cependant, nombre de travailleurs et autres paysans, qui se levaient tôt pour œuvrer, prenaient un petit-déjeuner le matin malgré l'avis des moralistes. Le XVè siècle est justement la période à laquelle cet usage se répand et est adopté aussi par la noblesse. Au XVè, celle-ci commençait sa journée avec du pain, de la viande, et de l'ale (cervoise ou bière houblonnée, qui apparaît aussi à cette époque). Référence : Food in medieval times, ch. 4.

Mangeait-on du cheval en Europe au XVè s. ?

  • OUI, MAIS PAS COURAMMENT.

Le cheval était consommé dans l'Antiquité et, apparemment, jusque vers le VIIIè s. Cependant, vers 730-740, saint Boniface, évangélisateur de l'Allemagne actuelle, se plaignit au pape Grégoire III qu'il lui était difficile de faire abandonner les sacrifices d'animaux (plus exactement de chevaux) : ceux-ci étaient populaires parmi les populations païennes, car la viande de l'animal était ensuite mangée. Grégoire répondit : "Tu dis que certains mangent le cheval sauvage, et beaucoup le cheval domestique. Cela, très saint frère, tu ne dois jamais le permettre, mais, avec l'assistance du Christ, le prévenir par tous les moyens, et imposer une pénitence correspondante ; car cela est très répugnant et exécrable". Zacharie I, successeur de Grégoire III, renouvela l'interdiction, y ajoutant celle de la viande de castor, de lièvre, de geai, de corneille, de cigogne. L'interdiction de viande de cheval mit apparemment du temps à se répandre, mais elle le fit, et ne concerna pas que les païens d'Allemagne. Egbert, archevêque d'York (mort en 766) déclara que "la viande de cheval n'est pas interdite, mais beaucoup de familles n'en achèteraient pas". En 787 à Ostie (Italie), un concile exhorta les fidèles par : "Beaucoup d'entre vous mangent du cheval, ce qui n'est pas pratiqué par les chrétiens de l'Est. Évitez cela." Référence : Journal of the Society of Arts, Volume 16.

Pour le Moyen Âge plus tardif, la rareté des os de chevaux dans les fouilles archéologiques semble indiquer que la consommation de viande de cheval était sinon inexistante, du moins peu courante. Le cheval vieux ou mourant était plutôt équarri pour sa peau; quant à sa viande, elle était donnée aux chiens [1]. Mais dans certaines fouilles, cette règle générale trouve ses exceptions, comme à Upton (Gloucestershire), où d'après les ossements retrouvés, le cheval était le troisième animal le plus consommé pour le XVè s. (13%), derrière le bœuf (53%), le mouton (31%) et devant le porc (3%) [2].